Francis Auvray effectue de nombreux voyages en Afrique du Nord et au Sahara au cours desquels il s'intéresse à la géologie, à la paléontologie et à l'art rupestre. Sa tribune libre d'aujourd'hui est consacrée à un voyage en Libye qu'il a fait en 2010. Il centre l'exposé sur deux sites peu connus et peu visités, le djebel Ben Ghnema et le massif Uwainat où l'on peut découvrir des gravures et des peintures rupestres.
Le parcours du voyage |
Le voyage que commente Francis Auvray est loin des circuits touristiques : un convoi de plusieurs 4x4, 8 000 kilomètres presque entièrement dans le désert, des tronçons de plusieurs centaines de kilomètres en autonomie. Parti de Tunisie, le parcours longe d'abord la frontière Ouest de la Libye, puis traverse le pays dans sa partie Sud, arrive à la frontière du Soudan et de l'Egypte, remonte la frontière égyptienne jusqu'à la Méditerranée et se termine à Tripoli.
En simplifiant beaucoup, la Libye est un grand plateau qui s'étend du Tchad et Niger à la Méditerranée ; sa superficie est plus de trois fois celle de la France et il est constitué de bassins tertiaires ou secondaires entourés de reliefs primaires le plus souvent gréseux. Ce sont ces massifs gréseux qui ont assuré l'élaboration, puis la conservation de l'art rupestre saharien. Si le climat actuel est désertique, cela n'a pas toujours été le cas. Depuis la dernière glaciation de Würm, il y a eu des périodes plus ou moins humides et les hommes ont à certaines périodes trouvé des conditions favorables à l'élevage :
Une curiosite géologique, phénomène hydrothermal ? |
Entrée du djebel Ben Ghnema |
Cône principal du volcan Wan Anamous |
Formation gréseuse de l'Uwainat |
Paysages du désert Libyen |
Le djebel est un massif montagneux situé à l'Est du massif dunaire du Mourzouk, au centre la Libye. Les gravures se trouvent le long d'un wadi, un ruisseau pratiquement toujours sec, au bas des collines et à flanc de coteau. La végétation est limitée à quelques acacias. On recense plusieurs styles, certains sont grossiers, d'autres plus fins, comme le mode tazina (membres allongés, traits incisés). Ci-dessous quelques repères dans ces différents styles de gravures en allant des plus anciennes au plus récentes :
La plupart des gravures représentent des animaux, mais quelques unes sont anthropomorphes.
Bovidés, gravure fruste |
Gravure au trait incisé mode tazina |
Autruches |
Représentations anthropomorphes et animaux |
Gravures du djbel Ben Ghnema |
Le massif est situé au Sud-Est de la Libye, à cheval sur les frontières du Soudan et de l'Egypte. Avant de l'atteindre, la petite expédition découvre un phénomène géologique surprenant, le volcan Wan Anamous. Ce volcan, situé au milieu du désert, est récent et montre encore quelques activités secondaires (fumerolles). Il a un diamètre de quelques kilomètres et est caractérisé par la présence d'un lac au pied du cône principal, ce qui justifie son nom de "volcan aux moustiques".
La zone visitée est à 1 000 kilomètres du djebel Ben Ghnema. Il s'y trouve deux massifs, l'Arkenu et le djebel Uwainat, centres cristallins entourés de grés. On y voit des peintures et peu de gravures, mais les styles sont comparables. Les peintures sont souvent situées dans des abris sous roche, en général sur des parois gréseuses, parfois granitiques. Les couleurs dominantes sont le rouge et l'ocre, mais le blanc et le noir sont également présents. Ci-dessous, quelques repères dans les styles :
Style des petits humains |
Troupeau de bovidés |
Robe zébrée |
Bovidés et pasteurs |
Peintures de l'Uwainat |
Un parcours de 8 000 kilomètres, c'est évidemment un très grand nombre d'anecdotes, de rencontres insolites et de choses à raconter en dehors des gravures et des peintures rupestres. Mais l'heure tourne et contraint le conférencier à mettre fin à son exposé. Pour terminer, il nous convie à l'accompagner dans un voyage qu'il effectuera en avril prochain au Maroc, à la recherche de gravures.
Toutes les photos sont de Francis Auvray. Si vous souhaitez des informations complémentaires, vous pouvez le contacter à l'adresse suivante : .
Les références Internet sur les sujets évoqués dans l'exposé sont pratiquement inexistantes. On peut tout de même indiquer :