Les Pyrénées à fleur de roche

Dominique Rossier

Chaque année, la réunion mensuelle de février est consacrée à l'Assemblée Générale et au dîner annuel de l'Association ; entre ces deux moments forts, un membre de la SAGA présente une tribune libre. Cette année, Dominique Rossier, responsable de la commission Volcanisme, abandonne (provisoirement) les Sciences de la Terre pour commenter un diaporama de la flore de Gavarnie.


Gavarnie, la Brèche de Roland et le Taillon

Gavarnie, dans le Parc national des Pyrénées, à la frontière franco-espagnole, est sans doute un des sites naturels les plus connus de France. La promenade que nous propose Dominique Rossier a été effectuée en juillet, une période propice à l'observation de la végétation en haute montagne. Elle part du Col de Boucharo, fait une pause au refuge de la Brèche (ou des Sarradets), monte à la Brèche de Roland, passe par le sommet du Taillon et descend enfin sur le versant espagnol.

Sur le plan géologique, le parcours est varié ; il commence au Carbonifère (nappe de Gavarnie, col de Boucharo), se termine au Danien, premier étage du Paléocène (calcaires dolomitiques de la nappe du mont Perdu) et permet d'observer de grands accidents de décollement et de chevauchement de ces deux nappes.

Le circuit se situe à une altitude comprise entre 2 400 et 3 000 mètres, ce qui correspond à l'étage alpin. Dans ce milieu, les plantes sont souvent d'origine arctique, elles ont été refoulées vers le Sud lors des dernières glaciations, puis se sont réfugiées en altitude. Elles sont soumises à des conditions climatiques très rudes :

Les plantes sont adaptées à ces conditions a priori ingrates. Leur cycle de reproduction est court et elles sont de petite taille ; mais leur forme, l'éclat de leur couleur, l'action de la lumière, en font de véritables merveilles.

La montagne crée fréquemment des niches écologiques favorables à la différentiation des espèces. Cela se traduit par une grande variété d'espèces (il n'est pas rare d'inventorier plus de 100 espèces différentes en une seule journée d'observation) parmi lesquelles beaucoup sont endémiques.

La première partie du parcours franchit un éboulis grossier, le long de la paroi Nord du Taillon. On y rencontre la Sabline pourprée, une endémique, caractéristique des éboulis calcaires stabilisés, frais et humides, le Géranium sanguin, ici en limite d'altitude et le Saxifrage paniculé, espèce caractéristique des fissures de rochers, des éboulis et des pelouses discontinues en gradins. Le nom Saxifrage (latin saxum = rocher et fragere = briser) donne d'ailleurs son environnement de prédilection.


Sabline pourprée


Saxifrage paniculé

Sous le refuge de la Brèche, on traverse un plan alluvial glaciaire et une combe à neige ayant un écoulement continu en été. Trois plantes observées :