Jean Zéniodis a effectué un voyage au Pérou et Bolivie à la fin de l'année 2011. Au cours de ce voyage, il a bien sûr découvert des sites très connus comme l'ancienne cité inca Machu Picchu ou le lac Titicaca ; mais pour la commission, il a focalisé son compte rendu sur un lieu plus particulier, la mine de Potosi qui est une des grandes mines d'argent du monde.
La Bolivie est un état deux fois grand comme la France pour seulement une dizaine de millions d'habitants. Elle n'a pas d'accès à l'Océan Pacifique mais a des milliers de kilomètres de frontières avec le Brésil, le Paraguay, l'Argentine, le Chili et le Pérou. Elle comprend deux zones géographiques bien distinctes :
Ces contrastes du relief se répercutent sur le climat qui est tropical dans les plaines, froid et sec dans les Andes.
Santa Cruz est la ville la plus peu peuplée de Bolivie, deux autres grandes villes sont La Paz, capitale administrative et Sucre, capitale culturelle.
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Le salar d'Uyuni |
Avant d'aborder la mine de Potosi, Jean Zéniodis nous fait part de ses impressions lorsqu'il a traversé le salar de Uyuni, le plus vaste désert de sel du monde. Situé à 3 600 mètres d'altitude, sa superficie est de 12 500 km2 et sa longueur de 150 kilomètres. L'immense étendue plate, l'intensité de la réverbération, les montagnes dans le lointain constituent des paysages particulièrement impressionnants.
La couche de sel atteint jusqu'à 120 mètres d'épaisseur et le minéralogiste peut collecter de très beaux cristaux cubiques... qu'il doit préserver de l'humidité s'il veut les conserver intacts. Les réserves sont énormes, 64 milliards de tonnes. Cependant, la richesse économique de cet accident géologique exceptionnel n'est pas dans le sel mais dans le lithium ; le salar est la première réserve mondiale de ce métal (plusieurs millions de tonnes) qui est de plus en plus utilisé dans les nouvelles technologies, notamment pour la fabrication de batteries.
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Le Cerro Rico vu de la ville de Potosi | Une galerie de la mine |
La ville de Potosi se situe au Sud de la Bolivie, à une centaine de kilomètres du salar de Uyuni et à plus de 4 000 mètres d'altitude. Elle a été fondée par les Espagnols en 1545 lorsqu'ils ont appris que sur une colline, le Cerro Rico (= colline riche en espagnol), on trouvait de l'argent sans même creuser le sol. La ville s'est agrandie très rapidement et est devenue une des plus grandes agglomérations d'Amérique. Aujourd'hui elle compte 160 000 habitants ; ses rues piétonnes, maisons coloniales, balcons en bois, montrent un riche passé et en font une très belle ville, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Au début de l'exploitation, l'argent de la mine était tellement pur, qu'il n'avait pas besoin d'être traité. On estime qu'au total 30 000 tonnes du métal précieux ont été extraits et envoyés en Europe. Plusieurs millions de mineurs indiens et esclaves africains y ont péri, par accident ou maladie.
Vers 1800, l'exploitation de l'argent a été remplacée par celle de l'étain.
De nos jours, le métal recherché est principalement le zinc, l'argent étant secondaire. L'exploitation est peu rentable et laissée à de nombreuses petites coopératives qui travaillent de manière artisanale. Il y a tout de même encore près de 10 000 mineurs qui sortent le minerai de la montagne devenue après plusieurs siècles d'exploitation un véritable labyrinthe de galeries.
Les touristes assez téméraires peuvent pénétrer dans la mine à condition de se soumettre à un rituel de visite bien établi : endosser l'équipement, donner des cadeaux aux mineurs (dynamite, feuilles de coca, alcool, etc.) et au dieu protecteur, el Tio. La visite donne une idée de l'archaïsme de l'exploitation : des wagonnets poussés à la main et toujours prêts à dérailler, des galeries très étroites, des boisements peu rassurant, un atelier de traitement du minerai vétuste et polluant, etc. L'altitude et la rareté de l'oxygène rendent évidemment les conditions de travail particulièrement difficiles.
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Le déchargement des wagonnets | Un atelier de traitement du minerai |
Potosi fait partie d'une des régions les plus riches du monde en terme de gisements métallogéniques, un arc allant du Pérou au Nord à l'Argentine au Sud. Les dépôts minéralisés (essentiellement argent, tungstène, plomb, zinc, antimoine, or et étain) auraient été mis en place au milieu du Tertiaire par des processus basse pression et basse température dans la partie supérieure d'un batholite.
On a répertorié au total près de 80 minéraux dans les dizaines de veines et niveaux du Cerro Rico. Si on se limite à quelques exemples particulièrement intéressants pour le collectionneur, on peut mentionner :
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Phosphophyllite Source : Rob Lavinsky sur Wikimedia Commons | Proustite Source : Rob Lavinsky sur Wikimedia Commons |
Nous remercions très chaleureusement notre ami Jean Zéniodis qui nous a fait connaître ce site exceptionnel et partager son enthousiasme. Une certaine déception était tout de même perceptible chez ce grand amateur de minéraux : les échantillons que l'on pouvait rapporter en souvenir de la visite de la mine étaient très quelconques et la plupart provenaient du Brésil !