Le volcan du Rachas se situe dans le Velay, une région beaucoup moins connue que celle de la Chaîne des Puys mais extraordinaire du point de vue volcanologique. Son intérêt est de mettre à la disposition de tout volcanologue de nombreux volcans entamés par des carrières. Cela permet de « voir » l'intérieur des volcans et dans certains cas de pouvoir reconstituer leur histoire, ce qui n'est pas possible dans la Chaîne des Puys où l'on ne peut observer que l'extérieur des volcans.
C'est ainsi que l'étude d'une carrière dans le volcan du Rachas a permis de proposer une reconstitution d'un certain nombre d'étapes de sa mise en place, et de donner une estimation de datation des éruptions qui lui ont donné naissance.
La particularité de ce travail est de présenter l'étude d'un volcan à partir des observations de terrain, avec l'utilisation d'un certain nombre de techniques accessibles à tous sans avoir accès à des techniques de laboratoire. L'accès à un laboratoire, avec la possibilité d'effectuer des analyses chimiques et des études pétrographiques, aurait évidemment permis de pousser beaucoup plus loin les conclusions apportées par les simples observations de terrain.
Ce travail a été conçu comme un guide pour le volcanologue amateur expliquant la méthodologie à appliquer en terrain volcanique, avant, pendant et après la visite du site lui-même :
- Avant la visite : Etudes des documents mis à notre disposition soit sous forme documentaire bibliographique, soit, maintenant via Internet à tout un univers documentaire facilement accessible et compilable.
- Pendant la visite : Sur le terrain, la méthodologie à appliquer pour extraire de ses observations le maximum d'informations qui pourront être exploités à la troisième étape. Selon la complexité du site, il peut être utile d'y retourner plusieurs fois après étude des premiers résultats pour résoudre de nouvelles interrogations qui peuvent apparaître. Dans le cas de ce travail sur le Rachas, deux visites ont été nécessaires pour finaliser l'étude.
- Après la visite : C'est le moment de l'étude des observations après être revenu chez soi, pour essayer de résumer et proposer un modèle le plus cohérent possible, où tous les éléments de terrain concordent.
Ce Prix Paul Grenier présente ces trois étapes avec à chaque fois, la description des méthodes utilisées, pour amener le lecteur à comprendre comment a été conçu le modèle proposé de l'évolution de ce volcan.
 Reconstitution de l'évolution du Rachas |
 Reconstitution de l'édifice palagonitique |
Chronologie proposée pour la mise en place du Rachas
Le volcan du Rachas, comme beaucoup de volcans en Auvergne semblait s'être mis en place rapidement de façon simple, une éruption volcanique, pouvant durer de quelques jours à quelques semaines, ce que l'on appelle un volcan monogénique.
En fait, l'étude de la carrière, dans son état d'avancement actuel a permis de mettre en évidence une histoire complexe avec différents types de dynamismes éruptifs, étalés dans le temps, avec au moins un arrêt du volcanisme.
La carte géologique indique que le volcanisme de la région est datée du Villafranchien, période qui s'étale de 2,7 Ma à 100 000 ans. L'étude des forages et le pendage des dépôts de scories permet de caler plus précisément l'activité finale du Rachas à la toute fin du Villafranchien, soit vers 100 000 ans.
Comme le lac du Bouchet au nord du Rachas, cratère phréatomagmatique, le Rachas, dans sa première période éruptive se met en place dans une zone humide avec une phase palagonitique, dépôts jaunes typiques. La particularité de cet épisode est de s'interrompre pendant un laps de temps suffisant pour former un paléosol, parfaitement visible dans la carrière.
La reprise du volcanisme se fait dans le même mode en zone humide, puis est brusquement cachetée par des lambeaux de lave, typique d'un dynamisme strombolien. Les dépôts de scories montrent que deux nouveaux édifices se mettent en place au nord et au sud de l'édifice palagonitique, en donnant l'ensemble volcanique actuel.
Ces deux édifices sont caractérisés par des cheminées d'émission, sous la forme de dykes. Celui situé au nord ne fait qu'affleurer en surface, la carrière n'ayant pas encore atteint cette zone. Par contre l'édifice situé au sud a été complétement éventré par la carrière, mais une étude des anciennes missions aériennes de l'IGN à permis de remonter jusqu'aux années 1940 et ainsi reconstituer la forme du dyke au fur et à mesure de l'avancement de la carrière jusqu'à sa destruction autour de 1977.
Un cône adventif a même été mis en évidence grâce à un petit dyke sommital.
 Edifice phréatomagmatique - Carrière |
