La Fête de la Nature 2016 s'est tenue du 20 au 22 mai. Pour le 10ème anniversaire de l'événement le thème général était : « Passionnés par nature ». Dans ce cadre, la SAGA proposait au Jardin des Plantes un atelier consacré à « Jean-Etienne Guettard, un naturaliste de génie ».
Le vendredi était réservé aux scolaires et le stand de la SAGA a accueilli trois classes : 6ème, CM1 et un petit groupe d'élèves hospitalisés à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Les échanges avec ce groupe ont été particulièrement intéressants, la visite avait été préparée par leur enseignante, et sur le stand les enfants se sont montrés très curieux. Le week-end, la manifestation était ouverte à tout public et, comme aux éditions précédentes, elle a attiré un grand nombre de visiteurs. Le samedi la fréquentation globale du Jardin des Plantes a dépassé les 40 000 entrées ; dimanche, malgré une météo très défavorable, elle a atteint près de 20 000.
Né à Etampes en 1715 et mort à Paris en 1786, J.-E. Guettard démontra ses talents d'observateur tout au long de sa vie. Son oeuvre a été marquée par une très grande diversité : zoologie, botanique, physiologie végétale, paléontologie, minéralogie, météorologie, etc. Il a publié plus de 200 mémoires à l'Académie Royale des Sciences.
Pour la Fête de la Nature, la SAGA a mis en avant l'apport de ce savant à la géologie, en premier lieu,
la découverte des volcans d'Auvergne, mais aussi la paléontologie, les cartes géologiques et la porcelaine. Une
série de panneaux présentait ces différents thèmes.
 Portrait de Jean-Etienne Guettard Source : De Wever et al. 1991 |
 Mémoire sur quelques montagnes de France qui ont été des volcans |
La découverte des volcans d'Auvergne
Guettard fut le premier, en 1751, à reconnaître que les monts d'Auvergne sont d'anciens volcans. C'est en accompagnant son ami Malesherbes « aux eaux de Vichy » qu'il identifie la nature volcanique de certaines roches de la région. Le long du trajet, à Moulins, il aperçoit une roche noire poreuse employée pour la construction des maisons et de certains monuments, roche qu'il assimile à une lave refroidie. D'autres sites le conduisent à généraliser cette observation et il rédige pour l'Académie Royale des Sciences un Mémoire sur quelques montagnes de France qui ont été des volcans : « Les montagnes qui ont, à ce que je crois, été autrefois des volcans, peut-être aussi terribles que ceux dont on parle maintenant, sont celles de Volvic, à deux lieues de Riom, du Puy-de-Domme proche Clermont, & du Mont-d'or. »
Sur le stand, cinq volcans de la Chaine des Puys étudiés par Guettard (La Nugère, le Puy de Dôme, les Puys de la Vache et de Lassolas, le Pariou et Gravenoire) étaient présentés avec leurs principales caractéristiques. Des vitrines montraient les différentes roches produites par ces volcans et une maquette permettait d'expliquer le fonctionnement d'un volcan.
La journée du dimanche une animation supplémentaire était proposée avec l'observation d'une sélection de roches volcaniques
au microscope optique polarisant. Une fois encore, nous avons pu constater l'étonnement et l'émerveillement des visiteurs
qui découvrent les minéraux sous le microscope.
 Vitrine consacrée aux Puys de Lassolas et de la Vache Photo J.-L. Fromont |
 Maquette et photographies illustrant les différents dynamismes volcaniques Photo J.-L. Fromont |
Guettard et la paléontologie
Guettard étudia différents groupes d'organismes et il fut l'un des premiers en France à reconnaître que les fossiles sont bien des restes d'organismes vivants :
- on lui doit la découverte des trilobites dans les ardoisières d'Angers (1757) ;
- en 1759, il publia un « Mémoire Sur les accidents des Coquilles fossiles, comparés à ceux qui arrivent aux Coquilles qu'on trouve maintenant dans la Mer » dans lequel il compare des coquilles d'organismes actuels et des fossiles, initiant ainsi le principe d'actualisme ;
- il s'intéressa également à d'autres familles d'invertébrés comme les Spongiaires, les Madrépores, les Polypiers et autres coraux ;
- il écrivit divers mémoires sur la Minéralogie et les fossiles des environs de Paris (dont les ossements fossiles de Montmartre).
Guettard et les cartes géologiques
Guettard est reconnu comme l'un des fondateurs de la cartographie géologique. Il fut le premier à sentir la nécessité de créer des cartes minéralogiques et à les développer de manière systématique. Son but était alors davantage pratique que géologique : « Si rien ne peut contribuer davantage à nous procurer une théorie physique & générale de la Terre, que des observations multipliées & faites sur les différens terreins, & les fossiles qu'ils renferment, rien ne peut aussi faire plus sentir cette utilité, que de rapprocher & de présenter sous un coup d'oeil ces différentes observations par des Cartes minéralogiques » (J.-E. Guettard, mémoire lu à l'Académie des sciences en 1746).
Il avait pour projet de cartographier la France pour y mentionner tous les gisements et publier un atlas minéralogique
qui devait contenir 214 cartes. Il se fit seconder par Laurent-Antoine Lavoisier qui s'intéressait à la minéralogie.
Mais la tâche était immense, trop vaste et ambitieuse pour les deux hommes. Sur les 214 feuilles prévues, seulement 45
furent effectivement publiées, les dernières par Antoine-Grimoald Monnet qui avait repris le projet en main en 1777.
 Carte minéralogique des environs de Paris Carte 40 bis in Collection complète de toutes les parties de l'Atlas minéralogique de la France, qui ont été faites jusqu'aujourd'hui (publié par Monnet, 1780) |
Guettard, le kaolin et la porcelaine
La porcelaine est une céramique fine et translucide développée en Chine depuis le IIIe siècle. En Europe,
elle ne fut introduite qu'à partir du XVIIe siècle. A partir d'échantillons ramenés de Chine, Guettard
détermina ce que les chinois appelaient : « pe-tun-tse » et « kao-lin ». Grâce à l'aide du Duc d'Orléans, il effectua de
nombreux essais dans les fours qu'il avait fait construire à Sainte-Geneviève et à Bagnolet. A la suite de ces essais,
il détermina la composition de la pâte de la porcelaine. En 1746, il découvrit le premier gisement de kaolin en France,
élément indispensable pour la fabrication de la véritable porcelaine : « L'endroit où je trouvai pour la première fois en France
une terre semblable à ce kaolin, se nomme Maupertuis & est situé près d'Alençon ; on le transporte de ce village dans cette
ville pour en fabriquer de la poterie, avec d'autres terres & du sable qu'on y mêle. »
 Echantillon de kaolin provenant de l'altération du granite de la Bosse, Echassières (Allier) Photo J.-L. Fromont |
 Constituants de la porcelaine : quartz, feldspath et kaolin Objets en porcelaine Photo J.-L. Fromont |
Remerciements
Un événement comme la Fête de la Nature mobilise un grand nombre de membres de l'association. Nous remercions ceux qui ont conçu les animations, les ont préparées et ont fourni le matériel, Annie Cornée, Jean-Louis Fromont, Jean-Pierre Malfay, Jean-Pierre Roucan, Dominique Rossier, Bernard Salvage ; ainsi que tous ceux qui ont d'une manière ou d'une autre participé à l'événement, Nicole Chandon, My Lan, Michel Gastou, Yves Grimault, Dimitri Pérès qui ont accueilli et renseigné le public. Qu'ils soient tous très sincèrement remerciés.
Pour en savoir plus
- De Wever P. et M.J. & Duclos J.L. (1991). Jean-Etienne Guettard. Un savant du XVIIIe siècle. Cahier n°1 du Lions Club d'Etampes, 27 pages.
- Ellenberger F. (1978). Précisions nouvelles sur la découverte des volcans de France. Histoire et Nature, n°12-13, p. 3-42.
- Ellenberger F. (1983). Recherches et réflexions sur la naissance de la cartographie géologique, en Europe et plus particulièrement en France. Histoire et Nature, n°22-23, p. 3-54.
- Ellenberger F. (1986). Brève évocation de Jean-Etienne GUETTARD (1715-1786), à l'occasion du bicentenaire de sa mort. Comité Français d'Histoire de la Géologie.
Beaucoup de mémoires de J.-E. Guettard sont consultables et téléchargeables sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France.
 Vendredi, classe de CM1 Photo J.-L. Fromont |
 Affluence du samedi après-midi Photo A. Cornée |
